L'été 2022, été le plus sec que j'ai jamais vécu mis à part celui de 76 (mais j'étais en culottes courtes ) rime également avec incendie.
Cet évènement, conjoint avec le feu de la Teste, a soumis les pompiers la population et les autorités à une épreuve démesurée par sa taille et sa longueur.
Un pyromane semble résider pour notre malheur dans les environs de Landiras et sur la masse des nombreux départs de feu disséminés dans les parages, l'un d'entre-eux eut la carrière phantasmée par son auteur.
Le mardi 12 juillet une colonne de fumée a subitement coupé l'horizon en deux à moins de 2km du chai. Dès lors, les activités quotidiennes furent perturbées ou interrompues et l'imminence d'une évacuation m'est apparue probable quand bien même le vent souflant du nord éloignait la fumée et la progression du feu à l'opposé de notre direction.
Malgré tout, la confiance dans l'action des pompiers et l'absence d'expérience en matière d'incendie, me firent penser que mis à part la prudence et le soucis de prévenir ses voisins rien ne devait et ne pouvait être entrepris. Cela fut contredit très vite par le cours des évènements. Le mercredi la fumée disparut puis réapparut plus loin, le soir la lumière du feu rougeoyait à l'horizon, les pompiers étaient à l'oeuvre. Le jeudi 14 juillet un départ de feu ou la progression du foyer principal à contre-vent apporta le danger aux portes du hameau de Manine. Les familles habitant en lisière et qui plus est propriétaires des parcelles de pins et de chênes en feu partirent à l'assaut des flammes en attendant les pompiers. L'intervention des soldats du feu fut un succès grâce à un contre-feu judicieusement mis en oeuvre. Passé ce moment nous ne vîmes plus de pompiers au sol durant une semaine. La Dfci (association locale de prévention des incendies en forêt) ne vint que le lundi suivant. Entre-temps et malgré les injonctions de la gendarmerie d'évacuer les lieux, la mairie soutenant finalement l'action de la population, ce furent quelques familles du hameau soutenues par un réseau de connaissances personnelles qui évitèrent les reprises de foyers.
J'ai pris ma part à cette action de jour comme de nuit et avec des moyens de fortune comme des motopompes montées avec des cubes plastiques de 10hl fixés sur des remorques tirés par de vieux tracteurs agricoles. J'ai reconverti mon pulvérisateur en citerne à incendie mais sa faible contenance sans remplissage sur place n'était pas très rentable.
Néanmoins cela fit l'affaire jusqu'au jour de la canicule, le lundi 18 juillet où enfin des moyens lourds furent mis à notre disposition avec le tracto-pelle de Pierre Labuzan, viticulteur, de grosses citernes de la DFCI, des citernes tampons prêtées par l'entreprise locale Sageau et une débroussailleuse de type "landaise" prêtée par le propriétaire forestier Michel Ricaud.
Par une chaleur suffocante et éreintante où les 42 degrés s'additionnaient avec l'énergie des moteurs et l'absence d'air dans les cabines, cette journée fut déterminante pour sécuriser notre secteur, ouvrir de vrais pare-feux en bordure du brûlé et les mouiller abondamment.
Ce travail fut ensuite complèté par des professionnels de la forêt soutenus par la dfci et enfin par les pompiers qui ayant reçu des renforts et réussi à ralentir la progression du feu au sud ont pu se libérer pour notre front encore chaud.
Durant tout ce temps, l'appui aérien passa sur nos têtes avec des avions Dash, des canadairs activés par les reconnaissances de l'hélicoptère du pc feu. Malheureusement pour Landiras les canadairs n'intervinrent que le deuxième jour de l'incendie et cela fut sans doute une cause de son extension non maîtrisée.
Il reste à souligner la fabuleuse réaction de la population de Landiras qui par ses dons et le temps donné a permis aux pompiers d'être accueillis dignement. Le village gaulois de Manine a quand à lui assuré sa défense grâce à la détermination de ses habitants et à la solidarité de la communauté des chasseurs.
Maintenant la surveillance est partagée entre les pompiers et la Dfci mais les conséquences sur le territoire sont encore dures à mesurer. L'impact sur les couloirs de grêle, de gel sur la pluviométrie sont encore impossible à estimer. Pour la vigne l'inconnue réside dans l'impact des odeurs de fumée sur les raisins. Cela constitue une épée de Damoclès pour le millésime 2022.
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Chantal Jacques (mercredi, 03 août 2022 20:35)
Intéressant et instructif même si nous connaissions en gros le déroulement de cet énorme incendie. Et les risques encourus par vous tous les bénévoles.
Et le pyromane court toujours