Quand de nouvelles idées ont conquis la majorité des esprits, la bascule des récalcitrants devient immédiate. Il se peut que de façon sincère ou artificielle, spontanée ou calculée, peu importe, l'ensemble de l'agriculture, même la plus ringarde, machiniste et techniciste se doive d'afficher au moins un semblant de changement de pratique. Il devient inconcevable de ne pas exhiber au moins un logo sur un emballage, prouvant que quelque chose est fait pour ne plus faire comme avant. Cela reflète la grande victoire dans les esprits de la nécessité de redonner une place aux équilibres naturels.
La place de la ville dans la nature, de l'agriculture dans la nature, de la nature dans la ville, de la forêt dans les cultures, des cultures dans les villes, tout est sujet de réflexion à défaut d'être encore suivi d'effets visibles.
Le consommateur que nous sommes tous par moment, commence à arbitrer de plus en plus en fonction des impacts environnementaux des produits acquis et non plus uniquement en fonction du prix le plus bas. La grande lessiveuse verte s'immisce bien sûr dans cette évolution et certains ont encore l'impression d'être éco-responsables en écoutant le blabla des grand groupes automobiles sur l'électrique par exemple. Une autre partie de la population ne peut tout simplement pas se poser la question par manque de moyens et consomme ce qu'elle peut trouver à sa disposition et son budget.
Il n'empêche vouloir acheter local, réparable, bio et ou agrobiologique devient le modèle recherché à défaut d'être encore accessible pour tous.
A partir de là, même les esprits les plus rétrogrades, les contempteurs des "écolos-bobos qui vivent dans leur bulles", pour arriver à continuer de vendre sont obligés de se plier aux nouveaux codes dominants. Je me souviens de la remarque cynique d'un viticulteur qui avait avoué en réunion se soucier des résidus de pesticides dans son vin à partir du moment où cela fut analysé pour l'export au Japon. Il avait du même coup suspendu des traitements tardifs d'anti-pourriture pour rentrer dans le cadre réglementaire. Peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse !
Une fois certains verrous psychologiques ouverts, il y a fort à parier que les plus sceptiques sur les méthodes naturelles apprécieront de retrouver du goût dans leur alimentation et de la diversité dans leur paysage.
Je rêve de voire de mon vivant les sols lunaires de certaines régions agricoles se transformer en territoires complexes, parsemés de haies et de galeries arboricoles, je rêve de voire des villes aussi vertes que grises, de revoir les petites villes s'animer et les friches commerciales abandonnées dans les périphéries retourner à leur vocation agricole.
Le grand succès des cosmétiques naturels, des isolations naturelles, des légumes de saison n'est pas une addition de petits succès mais le résultat d'une évolution de fond de nos consciences. Le niveau des connaissances est disparate mais la volonté d'aller dans cette direction semble inexorable.
A partir de 2023, les déchets organiques devront faire l'objet d'un ramassage collectif. Ce genre de petite révolution quand elle sera mise en application fera vraisemblablement prendre conscience que la fertilité agricole est un cycle dont nous avons temporairement rompu le fonctionnement. Un jour viendra sûrement où la joie de produire en partie sa nourriture animera toute la population, car elle en aura compris les vertus, car elle en aura appris les bienfaits à l'école et que produire une part de son alimentation plutôt que de l'acheter semblera une évidence et une bénédiction dans un pays où la pluie tombe et où l'accès aux terres arables n'est pas un facteur limitant.
La bonne monnaie chasse la mauvaise disait-on au moyen-âge, les bonnes pratiques chassent les mauvaises pourra-t-on dire bientôt.
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