Après avoir rechigné depuis mon installation à entrer dans le système bureaucratique des certifications, j'avoue devoir capituler. La pression concurrentielle, l'inflation des logos sur les étiquettes, la demande bien "naturelle" de diminution des intrants me conduisent à montrer patte "bio" à mes clients.
J'ai voulu pouvoir garder la possibilité de me protéger du mildiou par l'utilisation exceptionnelle d'antifongiques systémiques en juin. Je vais troquer cette marge de manoeuvre contre la garantie d'un cahier des charges certifié, contrôlé, adoubé. Ce que je faisais naturellement, ne pas utiliser d'engrais chimiques, de désherbants, d'insecticides (sauf obligation ponctuelle liée à la lutte obligatoire), d'anti-pourriture, d'anti-oïdium chimiques, je vais continuer à le faire mais en exhibant des factures et en remplissant des formulaires. Le logo "AB" n'est pas la vérité de la lutte biologique mais la garantie de l'application d'un cahier des charges. Il est vrai qu'à l'avenir, il n'y aura plus aucune utilisation de produits de synthèse pour la production de mes raisins, ce qui n'était pas le cas totalement auparavant. Il y aura donc un progrès de ce côté là. Il y aura aussi une prise de risque nouvelle et une cadence de traitement supérieure mais par petites touches de cuivre sur ce créneau très particulier de la fleur de la vigne en Gironde, stade sensible et souvent arrosé. je compte bien aussi développer l'utilisation des purins de prêle et d'ortie.
A part cela, il devient évident que la concentration de la production ne laisse pas beaucoup de solutions pour les petites propriétés hormis la carte de l'authenticité et du respect de la nature. J'ai toujours cru à cet état d'esprit mais comme il n'est pas possible d'expliquer à tous ma démarche, il faut bien avouer que la présence d'un logo vert sur l'étiquette signera instantanément le ralliement à tout un mode de pensée et de production.
J'ai donc notifié aujourd'hui ma démarche à l'agence bio et vais engager dès cette semaine la procédure de certification avec sa longue période de purgatoire quasi-religieuse appelée "conversion" pour une durée de 3 ans.
J'ai donc encore du temps avant de savoir où je mettrai le logo, car l'heure de faire partie du club n'a pas encore sonné.
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