Nous avons passé l'hiver à en avoir peur et comme tout événement inéluctable, il suffisait d'attendre pour le voir arriver, le gel de fin avril, sournois à souhait, car de plus en plus improbable quand le printemps affiche ses couleurs de camouflage et que l'élan de la sève semble irrépressible. Trop d'herbe, trop de travail du sol, on ne sait jamais quoi faire, si tant est que tout ce qui aurait dû être fait puisse l'avoir été à temps.. On s'en veut toujours, de ne pas avoir été lucide, perspicace, alerte, inspiré, intuitif, analytique, devin.
Mais il suffit que le choc ne soit pas si terrible, qu'une pointe verte subsiste au sommet du rameau, que le panache de la future grappe garde son volume et sa rigidité pour qu'on retrouve d'infinies ressources en soi, pour surmonter, adoucir, apaiser le mal.
Et voilà que la difficulté devient partie prenante du jeu du millésime. L'impossible ennui, le nécessaire sursaut quotidien, l'absurde quête du goût envoûtant, tant que la douleur n'est que piqûre, la douleur reste un jeu et le luxe l'inattendu.
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